L’enseigne Courir a inauguré en avril dernier un entrepôt de 23 000 m² et mise sur cette nouvelle organisation logistique pour accompagner sa croissance et sa stratégie RSE. Les explications d’ Yves Simon de Kergunic , directeur informatique et supply chain et Pierre Chambraudie , président de Courir.
Pouvez-vous nous présenter l’organisation logistique de Courir, en France et à l’international ?
Yves Simon de Kergunic : Courir détient un seul et unique entrepôt qui traite l’ensemble de ses flux logistiques dans toute l’Europe, à la fois physiques et digitaux. L’enseigne a inauguré ce nouvel entrepôt en avril 2022. Ainsi, le site robotisé de Montierchaume sert de plateforme européenne à Courir. Son périmètre couvre tous les magasins dans tous les pays, ainsi que l’e-commerce.
L’objectif de ce nouveau site était de muscler notre logistique pour accompagner notre croissance, actuelle et à venir. Il est situé à Montierchaume dans l’Indre (36), à quelques kilomètres de Châteauroux où nous étions déjà présents depuis 2014.
Le site logistique s’inscrit-il dans une démarche responsable ?
Yves Simon de Kergunic : Oui, il s’inscrit pleinement dans la démarche responsable de l’enseigne, il est certifié Breeam Very Good. Le bâtiment réunit de hauts standards en matière de construction durable. Il est équipé de panneaux photovoltaïques installés sur l’ensemble de la toiture et produit ainsi plus d’électricité qu’il n’en consomme actuellement, ce qui servira à l’avenir à l’extension de l’entrepôt. Le site est aussi équipé de systèmes technologiques pour une gestion plus responsable de l’eau et de l’électricité et permettre une réduction considérable des déchets.
Quel est le potentiel de ce nouvel entrepôt et quelles sont vos ambitions ?
Yves Simon de Kergunic : Le site est modulable avec une extension possible de 12 000 m² en plus des 23 000 m² déjà utilisés sur deux cellules : 16 000 m² au sol et 7 000 m² de mezzanine. L’enseigne traite aujourd’hui près de 80 000 pièces par jour et pourra à l’avenir en gérer jusqu’à 200 000. L’intégralité des salariés de l’ancien entrepôt est aujourd’hui employée sur le nouveau site, ce qui a permis à la fois de sécuriser son démarrage et de conserver les emplois au niveau local.
Nos collaborateurs ont pu également développer de nouvelles aptitudes ou même monter en compétences grâce aux technologies d’automatisation qui ont transformé les « process » sur place, d’un bout à l’autre de la chaîne logistique. Celle-ci répond pleinement aux besoins de capacité de stockage, de réduction du temps de livraison et de fiabilité des flux. Nous avons procédé à 30 nouvelles embauches, pour un total de 170 collaborateurs sur ce nouveau site et nous prévoyons encore 30 recrutements d’ici 2026 pour répondre aux prévisions de croissance.
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Aujourd’hui, la part e-commerce de Courir représente 18 % de son activité et, avec ce nouveau site logistique, l’enseigne a pour objectif d’atteindre 25 % en 2026.
Quels sont les grands enjeux et défis logistiques pour le secteur du retail, selon vous ?
Yves Simon de Kergunic : Il y en a plusieurs. Les contraintes croissantes pour la livraison des magasins (enjeu des derniers kilomètres), un enjeu global de RSE, notamment dans les transports, la maîtrise de l’omnicanalité, ainsi que l’intégration de nouvelles compétences pour les équipes en place (technologies, RSE) et les jeunes. Enfin, l’un des grands enjeux est aussi la satisfaction client sur des exigences de rapidité, fiabilité, suivi, la prise en compte de l’environnement…
Quel regard portez-vous sur la tendance du quick commerce ?
Yves Simon de Kergunic : Le quick commerce est une tendance que l’on observe bien sûr, mais nous pensons qu’elle a ses limites dans notre marché. La réponse adéquate aux besoins des clients est, selon nous, celle qui allie le confort et la rapidité d’une part, avec le bon sens écologique de l’autre. Le click and collect express que nous avons lancé l’an passé et déployé dans tous nos magasins français est une réponse à ce besoin : le client passe commande depuis chez lui, celle-ci est disponible en retrait dans un magasin proche de son domicile en moins de deux heures.
Le ship-from-store a aussi vocation à répondre à ce besoin, même s’il faut que l’on travaille une proposition de livraison plus rapide et écologique. Nous nous sommes penchés sur le ship-from-store express qui consisterait à livrer le client à domicile en deux heures (par coursier) avec pour point de départ un magasin mais, in fine, nous trouvons qu’à part à des fins événementielles, cela fait assez peu sens, sauf si cela est couplé avec une livraison neutre en carbone.
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Quelles tendances prévoyez-vous pour la fin d’année et le pic d’activité des fêtes, et quelle structure avez-vous prévue pour l’organisation logistique ?
Yves Simon de Kergunic : Il y a une projection d’activité revue chaque semaine par Courir et notre partenaire ID Logistics. À court terme, on se concentre sur le Black Friday. Lors de ces périodes intenses d’activité e-commerce, le nouvel entrepôt permet de répondre aux pics avec rapidité et sécurité. Courir traite presque 80 000 pièces par jour en moyenne, un chiffre qui peut grimper à 140 000 pièces quotidiennes lors de ces fortes périodes.
Quelles sont les grandes lignes de la feuille de route de Courir en 2023 ?
Yves Simon de Kergunic : Concernant la supply chain et l’entrepôt, l’année 2023 permettra de consolider le démarrage et d’optimiser les différents process. En 2023, nous allons poursuivre notre développement international. En 2022, Courir a en effet ouvert son sixième pays. L’enseigne se prépare déjà aux prochaines étapes avec une stratégie de développement qui s’appuie sur trois points : conserver sa position là où elle est déjà présente, renforcer le potentiel dans ces mêmes pays et affirmer sa présence dans de nouveaux pays.
Pierre Chambaudrie : Notre stratégie RSE va aussi être développée. Avec notamment un projet d’économie circulaire autour du recyclage de la sneaker, mais nous ne pouvons pas en dire plus pour le moment.
Courir a développé depuis longtemps une politique RSE autour des notions d’inclusion, de diversité, de parité, notamment via la valorisation de la femme, du handicap, et du talent.
Aujourd’hui, on se veut être un acteur qui agit pour une mode plus équitable et nous avons développé depuis fin 2021 le « Green Spirit » avec une nouvelle mission pour l’enseigne : guider le consommateur et lui permettre de faire des choix plus durables.
Nous avons ainsi créé un système de notation écoresponsable, une première dans le milieu du retail de la sneaker avec pour volonté de mettre en lumière notre offre plus responsable et éthique avec clarté, transparence, et pédagogie pour aider le consommateur à décrypter les produits dit « green » de nos marques partenaires (avec plus de 400 références aujourd’hui, l’offre écoresponsable de l’enseigne s’est multipliée par deux depuis 2021). Nous nous sommes également engagés cette année dans le mécénat auprès de l’association The SeaCleaners.
Quelles synergies existent entre les réseaux physiques et l’e-commerce ?
Pierre Chambaudrie : L’omnicanalité est ce qui fait la force et la différence de Courir sur le marché. Dès le lancement de notre site e-commerce en 2014, nous nous sommes positionnés comme un acteur fort sur le commerce connecté. Courir s’est efforcé, au fil des années, de développer différents parcours omnicanaux, pour diversifier les parcours d’achat, et accroître les synergies entre les différents canaux de vente pour toujours mieux accompagner nos clients.
Au coeur de notre stratégie, l’omnicanalité de Courir est une vraie plus-value dans un secteur où les concurrents sont pour la plupart soit des pure players, soit de grands groupes qui manquent de proximité. Nous allions le digital et le physique comme aucun autre acteur sur le marché français. L’ambition omnicanale première de Courir est de faire le pont entre l’e-commerce et les magasins. Et cela depuis 2016, en commençant par le click and collect puis l’order-in-store et l’e-réservation en 2017.
Pour mieux mixer ces deux canaux de vente, nous sommes allés un cran plus loin avec la mise en place de deux nouveaux services l’année dernière : le ship-from-store et le click and collect express, qui ont été rendus possible grâce à l’unification de nos stocks mise en place dès 2017 avec l’order management system (OMS). Depuis presque 10 ans, l’omnicanal est donc l’un des points de différenciation de Courir qui nous permet d’être le leader comparé aux autres enseignes présentes sur le web et en physique.
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