Intuitivement, on pourrait penser que la progression de la couverture mobile 4G et 5G se traduit mécaniquement par des gains de connectivité à l’intérieur des bâtiments. Si cette amélioration est globalement constatée par l’ANFR dans le cadre de ses campagnes de mesure, cette dernière note aussi qu’elle est contrariée par les nouvelles normes de construction environnementales. En cause ? L’usage de triples vitrages choisis pour leurs qualités thermiques mais dont on a découvert qu’ils ne laissent plus passer les ondes. Saisie de cette question, qui concerne des bâtiments tertiaires mais aussi les logements sociaux, l’ANFR a réalisé des tests. Les 25 types de vitrage étudiés en 2020 ont confirmé cette perte : un simple vitrage filtre 1,9 dB quand un triple vitrage affiche une perte de 39 dB… »Nous avons des élus qui ont été pris à parti à la suite d’une rénovation thermique de logements sociaux », confirme Frédéric Gerbelot chargé de mission à l’Avicca.
Promouvoir la voix sur Wifi
La question induite est comment regagner de la couverture mobile dans ces bâtiments HQE. Plusieurs solutions ont été présentées par le directeur de l’ANFR, Gilles Brégant à l’occasion d’un atelier du Trip de l’Avicca qui s’est tenu en novembre 2023, consacré à la couverture indoor. « Rapprocher les antennes de lieux de vie est une première solution mais elle n’est socialement pas acceptée », reconnait-il. Et d’ajouter que « c’est dommage car meilleur est le signal, moins le téléphone émet d’ondes ». Au passage, sur ce sujet très sensible des ondes, il annonce que l’agence proposera bientôt une carte simulant partout en France le niveau d’exposition aux ondes. La seconde solution, poussée par l’Etat dans le cadre des obligations imposées aux opérateurs par le New deal mobile de 2018, est de développer la voix sur Wifi. Celle-ci permet d’utiliser la connexion fixe de sa box internet pour téléphoner et envoyer des SMS. Elle remplace les boitiers dits « Femtocell » proposés voici quelques années par certains opérateurs. La voix sur Wifi a cependant des inconvénients : il faut que le smartphone utilisé soit compatible et la qualité de service n’est pas toujours au rendez-vous. C’est cependant le système que préconise l’ANFR pour les habitations.
Répéteurs et risques de brouillage
Dans les lieux publics ou professionnels, l’usage d’un répéteur relayant et amplifiant le signal d’une antenne de téléphonie mobile proche est en revanche à manier avec la plus grande précaution. « Il faut absolument que ces antennes soient installées avec l’accord des opérateurs concernés. Elles doivent être supervisées car sinon dès que le plan de fréquence des opérateurs est modifié, c’est le brouillage assuré », insiste Gilles Brégant. De fait, l’agence constate une forte augmentation des brouillages dus à des répéteurs. Le nombre d’infractions constaté par l’agence devrait atteindre 300 en 2023, soit presque trois fois plus qu’en 2018. « A chaque fois des techniciens de l’agence doivent se déplacer et ce sont de fortes amendes pour les contrevenants » prévient-il. La dernière solution consiste à demander aux opérateurs le déploiement d’un système d’antennes distribuées (DAS en anglais). La commercialisation de DAS à destination des collectivités ou des entreprises fait également partie des obligations du New deal mobile. Les DAS multi-opérateurs s’imposent ainsi pour la couverture de bâtiments accueillant du public, les équipements sportifs, les tunnels ou encore les parkings souterrains. Du point de vue de l’Avicca cependant « ces offres sont chères et peu mises en avant », l’association espérant que le régulateur se saisisse du sujet.
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