Qu’on les encense ou les redoute jusqu’à réclamer un moratoire, les intelligences artificielles génératives prennent leur envol.
Après le métavers, c’est ChatGPT et, plus largement, le concept d’intelligence artificielle générative (IAG) qui défraie la chronique.
Entreprises, étudiants, médias, les IAG ratissent large, comme en témoigne la courbe de croissance de ChatGPT, le plus célèbre des robots conversationnels créé par OpenAI : deux mois pour atteindre les 100 millions d’utilisateurs depuis le lancement en novembre 2022, « du jamais vu » clament les analystes : « TikTok a mis neuf mois pour arriver au cap symbolique des 100 millions d’utilisateurs et Instagram 2,5 ans », rapporte Les Échos ! Et avec près de 200 millions aujourd’hui et 1,6 milliard de visites en mars, l’engouement ne faiblit pas.
L’IA s’étend, l’IA remplace
À côté de ceux qui viennent chercher les limites de l’outil – il y en a forcément mais, « faut-il faire un article à chaque fois qu’une IA dit n’importe quoi ? », s’interroge Elise Viniacourt dans Libération, d’autres apprennent à se servir de l’outil et semblent en tirer profit : selon une étude Resume Builder conduite en février auprès de 1 000 entreprises États-Uniennes, la moitié des quelques 49 % de répondants déclarant recourir à ChatGPT ont déjà procédé à des licenciements consécutifs à l’adoption de l’outil. Pourquoi s’en servent-ils ? Pour des tâches diverses allant de l’assistance au recrutement au codage en passant le service client, la création de visuels et la rédaction de contenus. Bref, à la question de savoir si l’IA présente un intérêt productif, la réponse est oui. Mais alors que les IA génératives présentent encore bien des limites, la facilité avec laquelle sont supprimés certains postes est aussi une belle occasion de questionner l’organisation du travail. Difficile ne pas se souvenir de ces propos du consultant Jean-Pierre Willems (notre portrait) : « ce n’est pas l’absence de formation qui déqualifie les gens, c’est la pauvreté des contenus de travail. »
Repentis de l’IA
Pour autant, quelques 80 % de sondés par WPP France disent redouter des dérives liées à l’utilisation de l’IA. Inquiétude classique du grand public devant l’innovation ? Pas seulement, comme en témoigne la récente et très médiatisée démission de Google de Geoffrey Hinton, « parrain de l’IA », qui se range désormais aux côtés de tous les experts qui ont réclamé le 29 mars dernier un moratoire d’au-moins six mois sur le développement de l’IA, le temps de mettre en place des mécanismes de régulation. De l’aveu même des signataires, la pause réclamée est parfaitement illusoire mais l’initiative entend au moins sonner l’alerte. Ce qui est en cause ? Le degré de réalisme désormais atteint par les IAG, qui ne permettent plus aux humains de distinguer le vrai du faux. Danger pour la démocratie, préoccupations éthiques et risque de perte de contrôle sont autant de risques développés par le repenti dans un entretien accordé au Guardian.
Besoin de prendre du recul ? Nous ne pouvons que vous conseiller l’excellent podcast produit par France Culture : L’intelligence artificielle, objet philosophique.
IA et formation
Dans le champ de l’accompagnement-formation-emploi, on se préoccupe aussi de l’essor des IAG. Ce numéro printanier de la lettre de l’innovation vous en donne un aperçu : chez Tomorrow Theory, le recours à ChatGPT pour coder est quotidien et un livre rédigé à 80 % par l’IA d’OpenAI est attendu pour juin (notre article). Chez Unow, c’est Léna Leparoux qui vous raconte leur expérimentation de la star des IA génératives (notre article). On espère vous en parler plus en détail prochainement mais on sait déjà que chez Onlineformapro, véritable pionnier du e-learning à la française dans les années 90, on croit aussi fortement au potentiel de ChatGPT pour la formation. À suivre…
.
