Résumé
La logistique a connu un essor considérable dans les entreprises à travers de profondes transformations de pratiques de gestion, et d’évolutions de contexte économique et technologique. Cette progression a mené à la formation de réseaux de partenaires, la « supply chain », intégrant différents flux d’informations, physiques, et financiers. Ce nouvel écosystème a progressivement permis de développer des stratégies pour faire face à la montée en puissance de la mondialisation, comme de se doter d’outils informatiques innovants. Ceux-ci permettent de réels progrès à la fois en interne sur la performance de la production, mais également en externe, influençant la collaboration inter organisationnelle entre parties prenantes de l’écosystème. Une nouvelle technologie disruptive dans l’industrie fait son apparition en 2008, la blockchain, permettant aux entreprises d’adresser les clés nécessaires aux nouveaux enjeux présents dans la supply chain. La blockchain est une technologie de stockage et de transmission de données, décentralisée et distribuée, capable de sécuriser des transactions et d’avoir un registre immuable des données. Cette thèse de doctorat s’intéresse à la blockchain et aux réponses qu’elle peut apporter au sein d’une supply chain sujette à de nombreux enjeux. Elle adopte une méthodologie abductive basée sur de la littérature, de l’exploration de terrain et des études de cas multiples.La thèse s’attache dans un premier temps à étudier la littérature sur le sujet et réaliser une analyse exploratoire du terrain. L’exploration du terrain et de la littérature investigue plusieurs secteurs d’activités ayant adopté la blockchain, afin de comprendre les motivations des acteurs et les enjeux relatifs à l’implémentation de cette technologie. La littérature ainsi que l’analyse qualitative permettent la mise en évidence des secteurs dans lesquels la technologie est la plus utilisée et mature, les modalités ainsi que les mécanismes de son adoption, ses freins. Cet aller-retour entre la littérature et le terrain conduit à l’élaboration d’un modèle conceptuel. Deux principales questions de recherche émanent auxquelles nous cherchons à répondre par la suite : Dans quelle mesure la blockchain permet-elle de participer à l’alignement stratégique au sein d’une supply chain ? Quels sont les facteurs d’adoption de la technologie ? Ces problématiques invitent à se questionner sur l’intérêt de la technologie comme outil pour obtenir des bénéfices intra et inter organisationnels. Le cadre théorique choisi s’appuie sur la théorie néo-institutionnelle (Powell et DiMaggio 1991) et sur les modèles de l’alignement stratégique de la supply chain (Gattorna 1998; Venkatraman et Henderson 1990). La dernière partie de la thèse permet d’adresser quelques éléments de réponses à travers six études de cas multiples dans le contexte d’industries agro-alimentaires. Les principaux résultats indiquent que les études de cas se différencient par certains facteurs de contingence positionnant les entreprises sur une stratégie d’adoption de la technologie ou due à des pressions institutionnelles. Les facteurs de contingence identifiés distinguent deux types de supply chain adoptant la Blockchain. La première cherche à se différencier et gagner en avantage compétitif à travers la technologie, en s’appuyant dès le départ sur cette ressource technologique, ou dans un deuxième temps après formulation d’une stratégie concurrentielle. En revanche, la seconde supply chain l’adopte en raison de pressions externes. La première raison paraît mener les entreprises à davantage d’alignement stratégique. La thèse présente des conclusions permettant des contributions à la fois managériales, empiriques et académiques. Les différents résultats guideront les professionnels à choisir la blockchain comme une opportunité à saisir dans le but d’améliorer leur attractivité externe et renforcer leurs relations inter-organisationnelles.
Source: http://www.theses.fr/2022PAUU2118
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