Résumé
En explorant les liens entre paysage alimentaire et durabilité des comportements alimentaires, à travers une méthodologie interdisciplinaire mêlant nutrition et géographie, cette thèse fournit des éléments de réponse permettant de mieux comprendre comment l’exposition aux commerces alimentaires peut avoir un impact sur les choix alimentaires de la population. Dans ces travaux, les relations entre le paysage alimentaire et la durabilité des comportements d’approvisionnement alimentaire ont été étudiées en se basant sur un échantillon d’étude représentatif de la population de la métropole de Montpellier, issus de l’étude transversale Mont’Panier (2018-2019). L’exposition des ménages au paysage alimentaire (proximité et disponibilité de lieux d’approvisionnement) a été évaluée autour de leur domicile et dans leur espace d’activité (i.e. autour du domicile, des lieux d’activité principale et des trajets entre ces lieux) à l’aide d’un système d’information géographique. Les pratiques d’approvisionnement alimentaire ont été évaluées sur une période d’un mois grâce au remplissage d’un carnet d’approvisionnement alimentaire combiné à une collecte de tickets de caisse. La durabilité des approvisionnements alimentaires a été évaluée par la qualité nutritionnelle et l’impact environnemental des approvisionnements alimentaires, ainsi que par l’impact carbone des trajets liés aux courses alimentaires. Cette thèse soutien l’hypothèse que l’exposition aux commerces alimentaires va au-delà des zones résidentielles et nécessite la prise en compte des mobilités quotidiennes des individus. Cependant, grâce à ces travaux, nous montrons aussi que les indicateurs du paysage alimentaire évalués autour du domicile et dans les espaces d’activité des ménages apportent des informations complémentaires sur la façon dont le paysage alimentaire façonne les comportements alimentaires. Dans ce manuscrit, nous mettons également en avant l’importance de prendre en compte les pratiques d’approvisionnement alimentaire, dans l’évaluation des relations entre le paysage alimentaire et les comportements alimentaires, étant donné qu’une exposition aux commerces alimentaires n’est pas systématiquement liée à leur utilisation, comme nous avons pu l’observer dans ces travaux.Les résultats de cette thèse ont permis d’identifier différents profils de pratiques d’approvisionnement alimentaire auprès des ménages du Grand Montpellier. Plus de la moitié des ménages semble faire la majorité de ses courses alimentaires en grande distribution ; les autres ménages sont répartis selon trois profils de pratiques, combinant commerces d’alimentation générale et commerces de proximité. Un profil de pratiques particulièrement diversifiées combinant marchés, commerces bio, producteurs, et commerces spécialisés semble être associé à meilleure qualité nutritionnelle des approvisionnements alimentaires, contrairement à la fréquentation quasi-exclusive de supermarchés. La disponibilité d’un primeur autour du domicile et dans l’espace d’activité des ménages est aussi associée à une meilleure qualité nutritionnelle des approvisionnements alimentaires. Les résultats ont également mis en avant une relation entre les pratiques d’approvisionnement associées à des dépenses élevées en commerces spécialisés (boucheries, poissonneries, et crèmeries) et un impact environnemental des approvisionnements alimentaires plus important. Enfin, avoir des dépenses alimentaires élevées en épiceries et en drives, semble être associé à une empreinte carbone moindre des trajets liés aux courses alimentaires. Étudier la durabilité des comportements d’approvisionnement alimentaire permet de fournir des informations importantes en termes de planification urbaine pour adapter l’architecture des paysages alimentaires, dans lesquelles les décisions alimentaires sont prises par les consommateurs, de sorte à favoriser des comportements alimentaires plus durables.
Source: http://www.theses.fr/2022NSAM0052
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