Résumé
Rendre les systèmes alimentaires durables est une nécessité pour ne pas dépasser les limites planétaires et garantir une vie dans de bonnes conditions aux prochaines générations. Cette thèse propose d’évaluer la durabilité de l’alimentation à une échelle individuelle en intégrant des indicateurs relatifs à l’environnement, l’économie ou le socio-culturel et la nutrition.Les travaux de cette thèse se basent sur les données de la cohorte NutriNet-Santé et celles recueillies lors du projet ANR-BioNutriNet. En particulier, le projet BioNutriNet a permis de recueillir des données sur les impacts environnementaux de la production de nombreux aliments en distinguant les modes de production biologique et conventionnel, ainsi que le prix des aliments en distinguant également les modes de production et les lieux d’achat. Nous avons proposé trois approches pour distinguer les comportements alimentaires selon leur durabilité au sein de notre cohorte : une approche se basant uniquement sur les émissions de gaz à effet de serre liées à la production des régimes alimentaires, une approche plus exploratoire donnant lieu à une typologie et enfin une approche a priori consistant à créer un indice d’évaluation de la durabilité des régimes alimentaires français. Dans un second temps, nous avons évalué les associations entre les régimes identifiés comme durables et les survenues d’obésité, de surpoids, de cancer et/ou de maladie cardiovasculaire et avec la prise de masse corporelle. Enfin, à partir des données, nous avons proposé des solutions plus ou moins conservatrices de régimes alimentaires durables en utilisant l’optimisation.Les résultats de ce travail montrent qu’au sein de la cohorte il est possible d’identifier des différences de comportements alimentaires selon leur durabilité. La structure de ces régimes plus durable ne diffère que très peu selon l’approche choisie. Les proportions en masse des groupes alimentaires dans les régimes alimentaires les plus durables sont d’environ 50% de fruits et légumes, 15% de féculents, 10% de produits laitiers, 3% de viande et 2% de poisson, 4% de soja. La différence la plus importante entre les trois approches concerne la contribution des aliments biologiques dans les régimes. On a observé une diminution du risque de survenue de l’obésité, du surpoids et des cancers pour les personnes adoptant les comportements alimentaires les plus durables selon nos indicateurs. Enfin, les solutions de l’optimisation montrent qu’en allant vers les scénarios les plus disruptifs, les contributions des fruits, légumes, féculents et sojas augmentent alors que celles des aliments d’origine animale et des aliments gras et sucrés ou salés diminuent. Ceci, peu importe le niveau de végétalisation des régimes de départ. Plusieurs solutions pourraient permettre de répondre aux enjeux environnementaux, tout en restant accessibles économiquement et en couvrant les besoins nutritionnels. Le choix du scénario sera à discuter au regard de l’effort que l’on souhaite faire porter à l’alimentation par rapport aux autres domaines.Finalement, les travaux menés au cours de cette thèse ont permis d’identifier et de proposer des régimes de bonne qualité nutritionnelle et parvenant à répondre en partie aux urgences environnementales et de santé publique tout en tentant de veiller à leur accessibilité économique et à leur acceptabilité. Dans un contexte de systèmes alimentaires non viables sur le long terme et d’une prévalence importante et croissante des maladies chroniques, ces résultats sont importants pour justifier la prise en compte de la durabilité dans les politiques agricoles et de santé publique.
Source: http://www.theses.fr/2019PA131072
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