Alibaba Group publie aujourd’hui une étude soulignant une tendance globale des entreprises européennes à exporter pour surmonter leurs contraintes locales. Rencontre avec Michelle Lau, co-directrice général d’Alibaba Group en France, qui revient sur les résultats de cette enquête, soulignant les bienfaits de l’exportation.
L’étude révèle que huit entreprises européennes sur 10 misent sur l’exportation pour stimuler leur croissance, leur résilience et leur innovation. Pourquoi ?
Je pense qu’avec toutes les difficultés auxquelles font face les entreprises, elles ont besoin de dérisquer leurs marchés. L’exportation est utile en ce sens. Elle permet aux entreprises de chercher à atteindre un certain niveau de maturité opérationnelle et de débloquer leur croissance pure.
Nombre d’avantages accompagnent l’export. La création d’emplois, notamment à travers la digitalisation qui permet de s’implanter dans des pays comme la Chine, qui sont plus digitalisés qu’en Europe. C’est pour cela que les marques stimulent leur innovation à travers l’exportation.
De plus, nous avons remarqué pendant la crise sanitaire que les entreprises qui ont le plus exporté et le plus digitalisé sont celles qui ont été les plus résilientes.
Cette nécessité d’exporter est-elle en désaccord avec la tendance de la relocalisation ?
Selon moi, ce n’est pas incompatible. Il y a deux volets à la partie « internationalisation » des entreprises. D’abord les approvisionnements, pour lesquels on observe une tendance à la relocalisation, ce qui nécessite d’acheter les matières premières au plus près du consommateur final, afin de se prémunir des risques liés à la supply chain.
Mais de l’autre côté de la chaîne de valeur, il y a l’exportation. Nous avons noté que beaucoup d’entreprises françaises commençaient à exporter vers des pays européens proches, afin de faciliter ce processus, avant de s’engager sur des marchés plus éloignés.
Les marques soulignent un besoin de se diversifier après la pandémie, ce qui les a poussées à exporter vers des pays plus lointains. C’est pour cela que ce n’est pas incompatible. C’est plutôt une manière de diversifier sa clientèle mais aussi ses centres de réapprovisionnement dans les différents pays d’exportation.
Comment l’exportation permet-elle de diminuer l’impact des risques liés au marché local ?
Notre étude souligne que 79% des entreprises expriment que l’exportation permet de contenir les contraintes liées au marché intérieur. Selon moi, c’est lié au fait que les demandes, les produits et les comportements d’achat des consommateurs varient d’un pays à l’autre. Ainsi, les marques qui exportent peuvent proposer des produits différents et avoir une stratégie différente en fonction de la zone géographique. En ne se focalisant que sur un marché local, en cas de difficulté sur celui-ci, l’entreprise peut être confrontée à une certaine rigidité dans sa stratégie. Les marques exportatrices peuvent, elles, réagir d’une manière plus agile selon les besoins des différents pays et ainsi diminuer le risque local.
Quels sont les principaux freins à l’exportation ?
Je pense qu’il y a plusieurs défis importants lorsqu’une entreprise envisage l’exportation. Le premier découle des tensions sur les chaînes d’approvisionnement, pour 21% des marques sondées dans notre étude. En effet, l’export vers des pays éloignés demande une certaine maturité pour gérer toutes les questions de supply chain et de logistique. C’est pour cela que les plateformes digitales accompagnent les entreprises qui souhaitent plonger dans ce grand bain.
Un deuxième frein important vient des financements à l’exportation. Vendre à l’étranger demande beaucoup de planification de production, donc un certain investissement. Pour pallier cela, les plateformes d’e-commerce transfrontalières comme les marketplaces ont la possibilité de tester les marchés en amont.
Les formalités administratives peuvent aussi s’avérer difficiles à appréhender lorsqu’une entreprise exporte. La compréhension et le respect des réglementations des différents pays nécessitent parfois du temps et de l’accompagnement.
21% des entreprises ont commencé à travailler avec des marketplaces pendant la crise sanitaire, pouvons-nous parler de retard ?
La pandémie a été un accélérateur très important de la digitalisation des entreprises françaises, qu’elles aient eu du retard ou pas à l’allumage, c’est un très bon point. Effectivement, elles se trouvaient distancées par d’autres pays comme la Chine, qui avait entamé ce processus il y a plus d’une dizaine d’années. Mais nous observons que la situation s’améliore en allant dans la bonne direction. De plus, bien que la crise sanitaire soit passée, la tendance continue. 42% des entreprises travaillent aujourd’hui avec des marketplaces pour stimuler l’export, dont 21% ont commencé avec la pandémie. . L’essentiel, c’est que ça continue.
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