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La difficile mesure de la réduction de l’empreinte carbone du numérique


Le Credo, association qui fédère les acteurs de la fibre optique, a organisé le 6 avril 2023 avec l’appui de la Banque des Territoires un séminaire consacré à la réduction de l’impact environnemental du numérique. L’occasion de débattre des indicateurs nécessaires pour piloter cette nouvelle politique.

Réduire l’empreinte environnementale du numérique passe par sa mesure. « La mesure c’est essentiel, c’est la base pour bâtir un plan d’action, il nous faut des normes harmonisées, fiables et réplicables », estime Michel Combot directeur de la Fédération française des télécoms. Un besoin d’indicateur qui est du reste au cœur du travail mené par l’Ademe et l’Arcep depuis que cette dernière a été désignée chef de file de la lutte pour un numérique soutenable.

CO2 vs sac à dos écologique

La majeure partie des indicateurs actuels est fondée sur le calcul des émissions de CO2, générées directement ou indirectement durant le cycle de vie des infrastructures et services numériques. Une notion qui ne fait cependant pas tout à fait l’unanimité. « Il faut tenir compte de l’ensemble des limites planétaires soit le climat, bien sûr, mais aussi les ressources minières, l’eau et la pollution, notamment celle générée par les équipements en fin de vie car 90% d’entre eux finissent dans la nature », défend Aurélien Deragne, co-président de la Fresque du Climat. L’association spécialisée dans la sensibilisation aux enjeux climatiques préfère le concept de « sac à dos écologique » à l’empreinte carbone. Celui-ci mesure le poids des ressources naturelles nécessaires à la fabrication d’une matière première ou d’un produit fini. Calculé en tonnes de ressources par tonne de produit, il prend en compte les ressources renouvelables, non renouvelables, les déplacements de sol, la consommation d’eau et d’air. Sur cette base, un smartphone « pèserait 200 kg ».

Polémique sur l’empreinte carbone de la vidéo

Si le recours au concept d’empreinte carbone fait aujourd’hui consensus, son application aux pratiques numériques suscite encore des débats. La récente polémique sur Twitter autour de l’empreinte carbone de la consommation de vidéo est là pour en témoigner. Face aux chiffres très élevés avancés par le think tank qui « œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone », the Shit Project – risquant de culpabiliser inutilement les utilisateurs – de nombreux internautes se sont interrogés sur la méthode de calcul. La publication en novembre 2022 par l’Ademe d’un calculateur en ligne permettant d’évaluer l’empreinte carbone selon une méthodologie plus éprouvée a ainsi été saluée par Gilles Babinet, membre du CNNum. Avec pour résultat de montrer que la vidéo ou le mail étaient beaucoup moins impactant que la construction d’un mobile, d’un ordinateur ou d’un téléviseur. « Le poste ‘terminaux’ représente de fait les trois quarts de l’empreinte carbone du numérique », confirme Charles Joudon-Watteau, de l’Arcep. Néanmoins le débat autour de la mesure de l’impact des usages est encore loin d’être clos car au-delà des usages basiques il y a des questions pressantes sur l’impact environnemental de l’intelligence artificielle, du cloud ou de la blockchain. « Nous avons des travaux en cours pour affiner les données », confirme le représentant du régulateur.

L’effet rebond de la 5G

Autre paramètre à prendre en compte, « l’effet rebond »- l’amélioration d’un produit génère un accroissement des usages – qu’illustre très bien le cas de la 5G.  Ainsi, Olivier Duroyon, représentant de Nokia, confirme que « les réseaux 5G sont 10 fois moins consommateurs en électricité que les réseaux mobiles 2G et 3G sous réserve de déployer les infrastructures les plus récentes et que l’on éteigne les réseaux 2G et 3G ». « Ce gain peut être effacé par l’augmentation des usages », concède le représentant des opérateurs télécoms qui incrimine la lourde responsabilité des plateformes américaines dans la consommation de bande passante en Europe. Et d’insister sur le fait que « seule une sensibilisation des usagers pourra faire vraiment baisser la courbe ». Ce possible effet rebond de la 5G – une 5G servant à visionner des contenus en haute définition sur des écrans 4K dont on n’aurait pas la nécessité – a cependant été à l’origine de la résistance de plusieurs municipalités au déploiement de la 5G en 2020 (notre article du 3 septembre 2020).

Des territoires invités à justifier leurs choix numériques

« Cette polémique sur la 5G est un des éléments qui a conduit le Sénat à produire un rapport pour disposer de chiffres. Celui-ci a ensuite servi de base à ma proposition de loi », explique le sénateur Patrick Chaize. Et le sénateur de pointer que le problème est moins celui de la technologie que « ce qu’on fait avec ». La stratégie numérique responsable imposée aux collectivités par la loi visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique s’inscrit dans cette logique : obliger les territoires à justifier leurs choix technologiques au regard de leur impact potentiel sur l’environnement. Pour Hugues Ferreboeuf, chef de projet au Shift Project, les leviers dont les collectivités disposent sont au nombre de trois :
– « les choix en matière d’infrastructures numériques (technologies, réseaux, datacenters…),
– les normes environnementales dans les marchés publics et les modèles d’affaires,
– la durée de vie des équipements et leur reconditionnement en fin de vie ».

Le représentant de la Fresque du Numérique ajoute qu’il convient aussi pour les administrations de revoir la place du numérique dans leurs projets, « la dématérialisation n’étant peut-être pas toujours indispensable ». Un message qui aura peut-être du mal à être entendu.

  • L’empreinte carbone du numérique pourrait tripler d’ici à 2050

L’Arcep et l’Arcom viennent de publier un référentiel commun sur les usages du numérique qui comprend un volet environnement. En 2020, le numérique a généré 17,2 millions de tonnes (MT) de CO2 (2,5% du total des émissions de CO2), chiffre qui devrait atteindre 25 MT en 2030 et 49,4 MT en 2050 si rien n’est fait pour faire baisser la courbe. A cette date la consommation d’énergie pourrait quant à elle pratiquement doubler tout comme la consommation des 5 ressources terrestres. En 2020, seulement 13% des smartphones vendus étaient reconditionnés et près de la moitié des téléviseurs changés fonctionnaient encore. Des chiffres qui interpellent car les terminaux constituent l’essentiel de l’empreinte carbone du numérique. Seul élément rassurant : près de 46% des internautes pensent qu’utiliser internet pour consommer des produits culturels (musique, film, séries, jeu vidéo, etc.) a un fort impact sur l’environnement, signe d’un début de prise de conscience.

Source: https://www.banquedesterritoires.fr/la-difficile-mesure-de-la-reduction-de-lempreinte-carbone-du-numerique?pk_campaign=Flux%20RSS&pk_kwd=numerique&pk_source=Actualit%C3%A9s%20Localtis&pk_medium=RSS%20Thematique

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