L’Arcep, l’Arcom, l’Ademe et le Commissariat général au développement durable ont présenté un état de leurs travaux sur la réduction de l’empreinte environnementale du numérique. Des initiatives articulées autour de trois enjeux : mesurer, anticiper et agir.
« Le numérique a longtemps fait partie de la solution aux problèmes environnementaux, on sait désormais qu’il fait aussi partie du problème. Si nous ne faisons rien, l’empreinte du numérique pourrait tripler entre 2020 et 2050 », a rappelé Laure de La Raudière, présidente de l’Arcep, à l’initiative d’un point d’étape sur les initiatives menées par l’État en matière de réduction de l’empreinte carbone du numérique. Un enjeu transverse qui associe l’Arcep, désormais chef de file sur ce sujet, l’Ademe, l’Arcom et le Commissariat général au développement durable (CGDD).
Mesurer pour comprendre
La première mission que se sont fixée les administrations est de mieux mesurer l’empreinte environnementale du numérique. Plusieurs études ont été lancées. L’enquête pour un numérique soutenable de 2022, copilotée par l’Arcep et l’Ademe, a ainsi révélé que les réseaux mobiles consommaient deux fois plus que les réseaux fixes et qu’à peine un mobile vendu sur dix était reconditionné ; les terminaux constituant les trois quarts de l’empreinte environnementale du numérique (voir notre article du 7 mars 2023). La publication d’une seconde édition de cette étude est imminente, et sa troisième, annoncée pour la fin d’année 2023, intégrera des statistiques sur les datacenters et les terminaux. En parallèle, l’enquête annuelle du Credoc (voir notre article du 30 janvier 2023) qui associe désormais l’Arcom en plus de l’Arcep, comprend désormais un volet sur les Français et le numérique responsable. Ainsi deux tiers des Français estiment pouvoir être incités à consommer moins de contenus numériques du fait de la consommation d’énergie qu’elle implique. L’Arcom planche par ailleurs sur une étude, prévue pour 2024, détaillant l’impact environnemental de la totalité de la chaine de valeur du secteur qu’elle régule : production des terminaux, diffusion des contenu et leur consommation.
Modéliser pour anticiper
L’Ademe et l’Arcep se sont par ailleurs penchées sur des scénarios d’évolution de l’empreinte du numérique intégrant infrastructures, terminaux, usages et comportements. Seule une combinaison des mesures de sobriété et d’écoconception permettrait de réduire cette empreinte d’ici 2030, estiment les experts. Quant à la neutralité carbone pour 2050, elle induit des choix de société. Le « tout digital », s’il constitue un de moyens d’atteindre cette neutralité, aura notamment pour conséquence une explosion des extractions de minerais dont la soutenabilité pose question. De fait, seuls des changements de comportements pourront diminuer fortement l’impact environnemental du numérique. La conclusion de ce difficile exercice de projection est assez simple. Pour les experts l’urgence est à la stabilisation du nombre d’équipements et de terminaux, dont il faut allonger la durée de vie et améliorer l’empreinte carbone, et à la sensibilisation des consommateurs. Car, rappellent les experts seul un « effort collectif « permettra un numérique soutenable.
Agir sans attendre
Parallèlement, le CGDD pilote une feuille de route opérationnelle sur la décarbonation du numérique en partenariat avec les acteurs de la filière numérique au sens large. Cinq groupes de travail – réseaux, terminaux, datacenters et cloud, sobriété des usages et contribution du numérique à la décarbonation aux autres secteurs – ont été mis en place en novembre 2022. La restitution finale de ce travail, qui se traduira par des fiches action, est annoncée pour juin 2023. Parallèlement, l’Ademe renforce l’outillage, la formation et l’accompagnement des acteurs. Elle va notamment mettre à disposition une base de données sur les bonnes pratiques et des référentiels thématiques qu’elle conçoit (système d’information, accès internet, cloud…). Elle promet aussi d’accompagner les territoires dans la mise en œuvre des nouvelles obligations introduite par la loi sur la réduction de l’empreinte environnementale du numérique (Loi Reen, voir notre article du 2 septembre 2022).
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