Résumé
Cette recherche menée en anthropologie, questionne le monde global au travers de l’étude des blogs de mode issus de Paris, New York et Tokyo.En tant que support de l’Internet qui permet de se raconter au travers de la mode, le blog de mode est à la fois expression personnelle et partage à l’autre, il donne ainsi à voir la construction d’une image de soi sous-tendue par des processus mimétique et de distinction. L’établissement du soi au travers du blog de mode est une porte d’entrée privilégiée pour pouvoir étudier au travers de celui-ci et à partir des motivations à pratiquer le blog, le rapport qu’entretient une bloggeuse à elle-même mais aussi aux autres. La compréhension de la pratique du blog de mode par les bloggeuses est le premier axe de cette recherche.Le blog de mode est aussi des images. Des images spécifiques dont les mécanismes s’établissent au travers de l’Internet, des images dites, dans cette recherche, bloggées. Celles- ci posent le décor au blog mais représentent surtout la matérialisation d’un transfert d’une expérience faite de la mode préalablement vécue dans la ville de Paris, New York ou Tokyo, à une expérience de la mode enrichie, prolongée et vécue autrement sur le blog de mode. Le constat de la reconfiguration de cette expérience cristallisée dans les images bloggées, impose comme second axe de recherche à cette thèse, de comprendre la possibilité du passage de la ville au blog, et la particpation de ces deux dimensions à un paysage global. Le paysage ingoldien dans sa réalité spatiale, matérielle et temporelle, permet alors d’appréhender un processus d’incorporation du paysage de la ville à celui du blog et permet de comprendre la constitution de l’un par l’autre, dans le partage d’un réel commun.Le blog de mode enfin, porte en lui des éléments communicationnels. Dans le contexte de l’Internet, ces éléments ont la particularité de se situer dans une logique majoritairement interactionnelle. Au travers de mécanismes mettant en jeu des flux et reflux s’établissant entre les trois villes de l’étude, il est alors nécessaire de comprendre la circulation des images sur ces supports, autant au travers des actions menées par les bloggeuses que par les structures et fonctionnalités qui portent et encadrent cette action. Au travers d’une approche compréhensive du blog de mode et des mécanismes de circulation, il est alors possible d’envisager sa participation à une médiation transculturelle et plus généralement de formation d’un lien social.Tout au long de cette approche compréhensive du blog de mode, cette recherche établie sur quatre ans vise à faire ressortir des éléments d’actualisation dans la pratique du blog et dans ce qui le compose (bloggeuse, paysage, circulation). C’est sur le constat à la fois des actualisations spécifiques du blog de mode et de sa participation à un monde global dans lequel il s’insère et auquel il prend activement part, que cette recherche permet in fine de dégager plus largement les particularismes naissants d’un monde reconfiguré, qui se recompose et repense son existence à chaque instant.En prenant le blog de mode pour objet de recherche et s’inscrivant en anthropologie, cette thèse questionne en arrière plan, l’absence d’une anthropologie de la mode comme champ de recherche établi et spécifiquement nommé. Une réflexion est ainsi menée sur la nécessité d’emprunt à des champs multiples de l’anthropologie et à d’autres disciplines pour questionner l’objet mode, et laisse à penser une anthropologie de la mode comme étant encore une anthropologie sans nom.
Source: http://www.theses.fr/2018PSLEH126
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