La transformation numérique de l’Etat se dépeint à nouveau à travers 61 grands projets informatiques menés au sein des ministères, pour un coût total de 2,83 milliards d’euros.
Comme elle en a désormais coutume tous les 4 mois depuis fin 2016, la direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’Etat (DINSIC) publie une nouvelle version actualisée de son panorama des grands projets SI de l’Etat. Cet outil permet au gouvernement d’en suivre le bon déroulement, d’identifier et de rectifier les éventuelles dérives budgétaires et calendaires.
Cette 5e édition passe en revue 61 grands projets informatiques en cours de développement ou de déploiement au sein des ministères, représentant un coût complet total de 2,83 milliards d’euros. En conformité avec Mareva 2, la méthode interministérielle d’analyse de la valeur des projets SI, ce coût complet intègre, pour chaque projet, les coûts des prestations externalisées et des ressources internes mobilisées, ainsi qu’une projection des coûts de deux années de plein fonctionnement.
Deux nouveaux projets intègrent le panorama
Le projet OSHIMAE fait son entrée dans le tableau de bord. Ce chantier recouvre deux volets : d’un côté la mise en place d’une plateforme cloud partagée entre le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le ministère de la Transition écologique et solidaire et l’IGN, et de l’autre la création d’une offre de géoservices qui sera hébergée sur celle-ci.
L’évolution de l’infocentre RH IRHIS du ministère de la Justice intègre également le panorama. Inscrits dans la stratégie de modernisation du système d’information RH (SIRH) du ministère, ces travaux visent à mettre à disposition de ses acteurs RH les informations nécessaires pour piloter les effectifs et la masse salariale des différentes entités.
Le réseau interministériel de l’État (RIE), piloté par un service à compétence nationale au sein de la DINSIC, sort du panorama. Son déploiement initial achevé en 2017, il relie déjà l’ensemble des ministères (hors ministère des Armées) entre eux et avec leurs partenaires. Le projet ne s’arrête pas là : 2018 sera marquée par une montée en qualité, notamment en termes de débit, et la multiplication des services rendus par le RIE.
Arrivés à leur terme, les projets Alpha (logiciel de gestion des achats du ministère des Armées) et Chorus pro (portail unique pour le dépôt, la réception et la transmission des factures électroniques destinées à l’État) sortiront dès la prochaine édition.
Une sécurisation des budgets et calendriers à renforcer
Le suivi global de l’ensemble de ces 61 chantiers informatiques montre que la durée moyenne d’un projet reste constante, autour de 6,2 ans, depuis les phases de cadrage jusqu’au déploiement. Le taux d’écart budgétaire (moyenne des écarts entre budgets prévisionnels initiaux et actualisés), qui s’établit aujourd’hui à 26%, est relativement stable par rapport à la précédente édition (+1 point). Le **taux d’écart calendaire **(moyenne pondérée des écarts entre durées prévisionnelles initiales et actualisées), 29% pour cette 5e édition, s’est quant à lui accentué (+7 points).
Plusieurs phénomènes expliquent ces écarts, notamment : certains projets ont vu leurs périmètres évoluer, soit par l’ajout de fonctionnalités, soit du fait de nouvelles mesures de transformation publique les impactant ; une phase de sécurisation supplémentaire en amont a été engagée pour de grands projets sensibles dans les domaines de la fiscalité et de la gestion RH ; enfin, des évolutions réglementaires ont demandé des réajustements.
Des actions d’évaluation et d’appui lancées
Afin de réduire ces écarts, la DINSIC lance, en concertation avec le secrétaire d’État chargé du Numérique Mounir Mahjoubi, des actions d’évaluation et d’appui auprès de certains ministères. Elles permettront d’identifier les axes de sécurisation et d’optimisation de ces chantiers mais aussi d’anticiper et éviter certaines dérives potentielles.
Plus globalement, ces constats sont aussi l’occasion pour la DINSIC de rappeler l’importance d’une sensibilisation renforcée des directions de programmes à cet enjeu majeur qu’est la sécurisation des grands projets SI de l’État.
L’ensemble des données de cette édition et des précédentes également disponible en open data sur la plateforme data.gouv.fr.
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