Pour préparer un débat d’actualité organisé le 12 avril 2023 consacré aux « impacts économique, social et politique de l’intelligence artificielle (IA) générative » (1), au moins trois sénateurs avaient demandé à ChatGPT de plancher sur le sujet à leur place… avec un résultat « décevant » ou en tous cas « sans relief », selon les élus concernés. Néanmoins, ces IA qui produisent en quelques secondes un discours, une dissertation, du code informatique, une image de synthèse ou une reproduction sonore, interpellent.
Les sénateurs ont été unanimes pour rejeter l’idée d’une « pause » comme certains le demandent ou encore de les « interdire » comme l’a fait récemment l’Italie. Ils ont été nombreux à souligner le potentiel des IA génératives en termes de gains de productivité, demandant un renforcement de la formation et de l’investissement sur un domaine où le risque de domination par la Chine et les États-Unis est réel. Néanmoins, les sénateurs ont pointé les nombreuses limites de ces IA génératives :
– menaces pour l’emploi (une étude de Goldman Sachs évalue à 300 millions le nombre d’emplois qui pourraient disparaitre, notamment dans les métiers juridiques et administratifs) ;
– recours à des travailleurs sous-payés pour nettoyer les bases de données d’apprentissage, détournement de leur usage pour véhiculer de fausses nouvelles et autres « deep fakes »…
Jean-Noël Barrot, ministre délégué à la transformation numérique, a reconnu que la régulation envisagée par l’Europe via l’IA Act n’intégrait pas les spécificités des IA génératives. Il a repris à son compte les demandes d’aménagement des sénateurs pour que le futur règlement européen prenne en compte la protection des données personnelles, la transparence des sources, le respect des droits d’auteurs et l’impact de ces systèmes sur l’environnement.
(1) Les IA génératives sont des algorithmes d’intelligence artificielle et de Machine Learning qui utilisent des contenus existants au service de leur apprentissage pour en générer de nouveaux.
.